Traduction de cet article
3 Mai 2007
par Douglas Vakoch
Directeur de la composition d'un message interstellaire
Alors que les scientifiques de SETI envisagent les premiers contacts avec d'autres mondes, quoi de mieux que de consulter les anthropologues, spécialisés dans la rencontre avec des cultures exotiques. Au cours des dernières années, l'institut SETI a ainsi rassemblé à plusieurs reprises des anthropologues et des spécialistes d'autres disciplines, afin d'essayer d'établir le lien entre les humains et les extraterrestres.
Le travail de ces savants, qui se sont réunis récemment à San José en Californie, est double : tenter de découvrir tout les aspects universels de la culture, puis appliquer ces idées pour construire des messages qui pourraient être compréhensibles par toutes les civilisations quel que soit leur niveau d'évolution. «Bien qu'il soit impossible de prévoir la nature de l'intelligence extraterrestre,» admet Steven Dick, l'historien en chef de la NASA, «une chose est sûre, si elle existe, elle aura subi un processus d'évolution culturelle.»
Pour les chercheurs du SETI, la variété étourdissante de sociétés qui pourraient évoluer dans d'autres mondes nous est limitée pour une raison simple : si les extraterrestres peuvent construire un émetteur radio ou un émetteur laser à haute puissance, nous avons avec eux déjà quelque chose d'essentiel en commun. En effet, il pourrait y avoir des formes d'intelligence du type des dauphins dans les océans d'autres planètes, mais à moins qu'ils puissent ériger des émetteurs pour envoyer des signaux à travers l'espace interstellaire, nous pouvons ne jamais avoir vent de leur existence. Et pour établir la technologie qui rendrait un tel contact possible, celà a souvent été débattu, les extraterrestres doivent certainement avoir besoin de connaitre les mêmes notions de mathématiques que nous. Les extraterrestres pourrait ne pas savoir déchiffrer l'anglais, le chinois ou le swahili, mais ils seraient certainement familiers avec l'algèbre et la géométrie.
Sont-ils familiers avec les mathématiques ?
Plusieurs participants de la rencontre à San José ont commencé en supposant que les moyens utilisés par l'Homme pour comprendre l'univers devraient nécessairement être identiques sur d'autres planètes. La «confiance dans l'idée que les mathématiques soient un des moyens prioritaire de communication avec une intelligence extraterrestre pourrait être incongrue» averti l'historien Shirley Woolf. En contradiction avec l'idée que les mathématiques soient directement issues d'une réflexion sur la structure de l'univers, qui serait nécessairement connu par des scientifiques d'autres mondes, Woolf a souligné une idée embarrassante pour quelques éminents scientifiques cognitifs , «les mathématiques sont un objet fabriqué par la structuration de la réprésentation humaine.»
Ce qui compte
L'exemple le plus simple pourrait être le lien entre la façon dont les humains comptent et le nombre de chiffres que nous utilisons pour compter : ce n'est peut être pas une coïncidence si les humains ont dix doigts et qu'il nous est également très commode d'utiliser un système de numération utilisant la base dix, où dix chiffres différents peuvent être ajoutés, soustrait, et manipulés de différentes façons. Pour des extraterrestres ayant un nombre de bras ou de tentacules différent, d'autres systèmes de numération pourrait leur sembler tout aussi naturel.
Si seule le système de numération changeait en fonction de la civilisation, les mathématiques pourraient servir de pierre de Rosette cosmique. Après tout, nous les humains sommes tout à fait capables de convertir les nombres de la vie de tout les jours en des formats binaires ou dans un étalage d'interminables variations, le sytème de numération avec pour base 10 n'est donc pas universel même sur Terre.
Et si les différences étaient encore plus profondes, et que nos mathématiques ne reflétaient pas simplement les vicissitudes de nos membres que nous utilisons pour saisir des objets, mais des aspects beaucoup plus fondamentaux tel que notre manière d'appréhender le monde, tel que les sens qui nous permettent de recueillir des informations sur notre environnement ?
En tant que créatures qui utilisent fortement le sens de la vision et de l'audition, nous pouvons localiser des objets avec précision dans un espace tridimensionnel. D'ailleurs, nos sens nous permettent clairement de délimiter les objets dans le temps : les événements se produisent dans le présent, le passé, ou le futur. Soit quelque chose a lieu en ce moment (le présent), soit c'est déjà finie et nous faisons avec (le passé), soit ça ne s'est pas encore produit (le futur).
Mais que se passerait t'il si nous percevions le monde principalement par notre sens de l'odorat, avec des objets laissant des traces de leur présence par des senteurs persistant longtemps après s'être produites ? Notre perception du passé, du présent, et du futur pourrait être légèrement troublée, avec un instant fusionnant doucement avec un autre ?
Nous ne resentirions plus la présence d'un objet dans avec des catégories rigides du style « ici » ou « pas ici, » mais en termes de « probablement là » ou « a probablement eu lieu » ? Nos mathématiques reflétent notre propre confrontation de tout les jours avec le monde, ainsi nous avons brusquement énoncé «1 + 1 = 2, » mais il se pourrait que des mathématiques plus intuitives soient fondés sur l'observation que « approximativement 1 + approximativement 1 = approximativement 2» ? Les notions de précision et de confusion pourraient-elles varier de civilisation en civilisation, rendant un peu plus difficle la compréhension des créatures qui appréhendent le monde différemment de nous?
Un moyen de nous comprendre nous même
«La recherche de l'intelligence extraterrestre est, d'une part, un vrai effort expérimental - les astronomes qui recherchent dans notre Galaxie des signaux d'origine artificielle,» indique l'anthropologue Kathryn Denning. «Cependant, en posant la possibilité d'un contact avec des créatures extraterrestres, SETI a également créé un espace pour une étude appronfondie au sujet de la nature des sociétés sur notre propre planète.»
Et en effet, l'espoir de SETI est qu'un jour nous aurons la preuve incontestable que les civilisations extraterrestres existent. Mais en attendant, il faut se rappeler de l'impact que la recherche peut avoir sur notre propre monde, en ce moment même, et celà même si nous ne détections jamais un signal en provenance d'une autre étoile. «Une vraie rencontre entre les êtres humains et une intelligence extraterrestre aurait un impact mondial substantiel,» nous rappelle Denning : «Cependant, le fait de considérer tout les possibilités en des termes strictement hypothétiques peut affecter la façon dont nous nous voyons ainsi que notre futur sur Terre.»