14 Juin 2007

par Seth Shostak, Astronome vétéran au Seti Institute.

Article en anglais

Il y a maintenant un mois, une actualité venait rafraichir les astrobiologistes tel les grandes marées de la Baie de Fundy: l'existence d'une planète potentiellement habitable autour d'une étoile voisine, Gliese 581.

Ce fût très certainement l'une des découvertes les plus encourageantes de l'ensemble des efforts de la recherche de planètes. Et il me vient une image. En particulier, combien de mondes de ce type sont-ils présent au delà des capacités de nos télescopes, séquestrés dans la noirceur de l'univers?

La réponse à cette question de fin de repas est "abondance".

Bien sûr, c'est une réponse vague, mais c'est un changement radical par rapport au contexte d'il y a seulement quelques décennies. Etant enfant, j'ai passé beaucoup de temps assis dans l'obscurité du planétarium de Hayden à New York. Là, les narrateurs tel la voix de Dieu proclamaient que les (alors) neuf planètes autours du soleil étaient le produit d'une collision stellaire. Il y a plusieurs milliards d'années, me disait-on, une étoile inespérée s'aventura non loin de notre soleil, sa pesanteur arracha du gaz chaud de la couche superficielle du soleil, matière que se serait refroidi puis condensé en planètes.

Le scénario de la quasi-collision a pour la première fois été soutenu par l'astronome néo-zélandais Alexander Bickerton à la fin du XIX ème siècle. Peut-être en raison de son aspect spectaculaire, ou probablement en raison du sa ressemblance avec la Genèse : la création de planètes fécondes à partir de la matière incandescente du soleil, cette idée improbable bénéficia d'une popularité beaucoup trop importante par rapport à ce que qu'elle méritait. Si celà avait été vraie (et le fait qu'elle ne pouvait être vraie est devenu rapidement évident aux yeux des théoriciens, puisque cette théorie est incapable d'expliquer l'important moment angulaire des planètes), cette escroquerie théorique aurait autorisé l'idée que notre système solaire est le seul regroupement planétaire de toute la Galaxie. Ce type de quasi-collision sont extrêmement rares. Les étoiles seules sont dans le voisinage du soleil aussi rares que ne le sont les Sherpas de l'Himalaya dans notre propre voisinage.

Ainsi nous pouvons éliminer l'idée que les planètes sont le fruit d'une brève rencontre forfuite entre deux étoiles. Au lieu de cela, nous savons maintenant que les mondes petits et froids émergent à partir du disque de gaz et de poussière qui entoure les étoiles naissantes. Il y a encore une contreverse au sujet des détails de ce processus, mais il n'y a aucun doute que la nature a concocté une méthode banale pour extraire les rares atomes lourds (silicium, carbone, oxygène, nickel, fer) à partir des minces brumes des disques protoplanétaires, et les réassembler en des boules de quelques milliers de kilomètres.

Planètes-à-gogo

Quel est le chiffrage de cette "abondance" ? La comptabilisation des planètes extrasolaires est actuellement d'environ 240, un nombre qui fait s'éleve plus rapidement que l'odomètre de Mario Andretti. De toute les étoiles étudiées, environ 5 à 10% s'avèrent être entourées de planètes. Mais nos instruments sont loin de la perfection, et le trappeur champion en titre de la découverte de planètes, Geoff Marcy, suppose que le pourcentage d'étoiles qui sont réellement accompagnés par des planètes est beaucoup plus elevé.

« Pratiquement toutes les étoiles (étoiles non binaires) doivent avoir des planètes de toutes sortes - rocheuses, gazeuses, semblables à Neptune, et ainsi de suite, » réponds Marcy. « Parmi les étoiles binaires, toutes celles séparées par au minimum la distance Terre-Pluton possèdent également des planètes de toutes sortes. »

Puisque qu'approximativement la moitié des étoiles sont binaires, dont la moitié de celles-ci sont largement séparées, le résultat des courses est que Marcy suspecte qu'environ les trois-quarts des étoiles de la Galaxie ont des planètes. Pour une perspective astronomique, c'est aussi la meilleure de toutes.

Et maintenant, combien de planètes chaque étoile pourrait elle avoir ? Eh bien, le soleil en a huit, neuf, ou plus, selon votre compréhension sémantique. Mais du point de vue de la biologie extraterrestre, la comptabilisation des planètes est à peine adéquate, puisqu'il y a au moins cinq lunes dans notre propre système solaire qui sont assez grandes, et assez complexes, pour nous émoustiller dans l'idée qu'elles pourraient abriter la vie. Nous savons maintenant que sept autres mondes (deux planètes et cinq lunes) de notre cour arrière seraient suceptibles - juste suceptible - d'offrir des conditions appropriées à la vie.

Cent milliards de billions

Et voilà où je veux en venir : il y a quelques cent milliards d'étoiles dans notre Galaxie, et il y a peut-être cent milliards de galaxies dans la partie de l'univers que nous pouvons scruter avec nos télescopes. Avec 5 ou 10 sphères intéressantes par système solaire, l'univers visible contient cent milliards de billions de mondes (1023) qui valent la peine d'être observés

C'est un nombre plus grand que l'ensemble de tous les grains de poussière flottant dans toutes les chambres de tous les bâtiments de la Terre.

Il est sûre que la planète tournant autour de Gliese 581 est séduisante. Peut-être réunit-elle les conditions pour accueillir la vie, et peut-être habrite t'elle dejà la vie. Où peut-être pas. Mais comme que je le disais à mon camarade de chambre quand son amie se pavanait avec un quarterback, « il y a d'autres poissons dans la mer. »

En effet, c'est fin city ici bas.