Traduction de l'article paru sur le site de l'Environmental Research Web
Les modèles climatiques sont des représentations numériques du climat de la Terre et sont utilisés pour prévoir les changements du climat en réponse à divers facteurs synthétiques, comme par exemple les émissions de gaz à effet de serre. Une équipe au Royaume-Uni vient de prouver que les résultats de tels modèles dépendent davantage des paramètres d'entrée - tels que les propriétés des nuages - que du matériel ou des logiciels informatiques utilisés, comme beaucoup de scientifiques le craignaient. Ce résultat permettra aux chercheurs d'utiliser des modèles climatiques, tels que "climateprediction.net", avec beaucoup plus de confiance qu'auparavant.
Climateprediction.net est une expérience mondiale qui utilise la puissance de calcul fournie par le grand public. Les résultats du modèle précédent ont montré que les températures moyennes pourraient finalement augmenter de 11°C - si les taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère étaient multipliés par deux par rapport aux taux d'avant la révolution industrielle. De tels niveaux pourraient être atteints en milieu de XXI ème siècle, à moins qu'une réduction drastique des émissions de gaz à effets de serre soit effectuée.
Christopher Knight de l'université de Manchester, ainsi que ses collègues de l'université d'Oxford et de l'UK Met Office ( l'Office Météorologique Britannique) ont analysé plus de 57 000 modèles issus de climateprediction.net. Dans un premier temps, le modèle a été calculé avec un niveau pré-industriel de dioxyde de carbone. Puis les chercheurs ont doublé les niveaux de dioxyde de carbone et ont observé l'effet de cette augmentation sur la température mondiale.
Chaque modèle fût légèrement différent - du fait de paramètres légèrement différents et de conditions initiales variables. A celà s'ajoute le fait que différents participants ont calculé ces modèles, les ordinateurs qu'ils ont utilisé ont des âges ainsi que des configurations mémoire différentes (certains en ont plus que d'autres).
En comparant tous les facteurs qui entrent en compte dans le calcul des modèles avec le réchauffement climatique dû à l'augmentation de dioxyde de carbone observé, l'équipe a pu déterminer quels facteurs étaient les plus importants. « Heureusement pour le projet climateprediction.net, les effets de l'hétérogénité des ordinateurs sur le modèle ont été très faibles, » explique Sylvia Knight de l'université d'Oxford à environmentalresearchweb.org. « Cependant, les effets d'un certain nombre de facteurs - comme par exemple ceux liés à la représentation des nuages dans le modèle informatique - se sont avérés être extrêmement importants. »
Le résultat signifie que les modélisations climatiques « distribuées » sont beaucoup plus fiables que ce qu'on pensait précédemment. "C'est passionnant car celà nous donne une réelle confiance dans l'utilisation d'une incroyable puissance de calcul que les gens à travers le monde sont disposés à donner pour comprendre le climat," s'enthousiasme Knight . "Cette puissance de calcul est bien plus élevée que n'importe lequel des superordinateurs et permettra une utilisation beaucoup plus exhaustive des modèles pour comprendre le changement climatique."
Le résultat a également accentué l'importance relative des aspects spécifiques des modèles en déterminant à quel point ils sont sensibles au dioxyde de carbone. « Ceci nous permettra de concentrer de futures améliorations de ces modèles pour prévoir l'effet du dioxyde de carbone sur le climat, » ajoute Knight.
Climateprediction.net distribue actuellement une expérience qui simule le climat passé du XX ème siècle ("hindcasts") avant de prévoir le XXI ème siècle à l'aide de différents scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, solaires, volcaniques et autre. Il est encore possible de rejoindre le projet si vous avez un PC à la maison, au travail ou à l'Ecole. D'autres expériences futures apporteront une vision plus détaillée du changement climatique dans certaines régions du monde, telles qu'en Afrique du Sud, et une étude plus appronfondie aux réponses des océans à ce changement. "Plus de personnes offrent leur puissance de calcul au projet, plus les résultats seront complets ! ," conclus Knight
Les chercheurs ont exposé leur travail dans PNAS.
à propos de l'auteur de l'article
Belle Dumé est une journaliste indépendante en science et technologie basé à Paris, France