C. elegans hermaphrodite se déplaçant sur une culture bactérienne dont elle se nourit (Image : Asher D. Cutter) |
Caenorhabditis elegans,
un petit ver transparent d'un millimètre de long (photo ci
contre), est une espèce connue pour son fort taux
d'autofécondation. Cette particularité le rend
sensible aux effets du cliquet de Müller. Evolution@home
vient
de découvrir que la survie de ce petit ver serait
très sensiblement compromise si il n'existait aucun
processus pour contrer la détérioration de son
génome ou si l'autofécondation était
très ancienne.
Plus d'informations
Le rapport scientifique final est librement consultable :
Loewe L & Cutter AD (2008) "On the potential for extinction by Muller's ratchet in Caenorhabditis elegans" BMC Evolutionary Biology 8:125 PDF | PubMed | DOI | Journal | ISI Web
La théorie dite du "Cliquet de Müller" ("Müller Ratchet")
Source de cette définition du Cliquet de Müller : Comportement et organisation sociale de la fourmi parthénogénétique Cerapachys biroi (Forel) - Fabien RAVARY (Docteur de l'Université Paris XIII)
Un déclin génétique inéluctable ?
Source : Sexualité, clonalité et évolution du génome chez les pucerons et leurs bactéries symbiotiques (Claude RISPE, UMR Bio3P INRA-Agrocampus Rennes/Le Rheu)
La plupart des vers de
l'espèce Caenorhabditis
elegans sont hermaphrodites,
ce qui signifie que l'individu est morphologiquement mâle et
femelle, soit alternativement soit simultanément. Cette
espèce n'est composée que de quelques
mâles et se nourrit principalement de
bactéries. Commodément, le Caenorhabditis
elegans hermaphrodite se reproduit pas
autofécondation, il n'a donc pas besoin d'un partenaire et
de la recombinaison d'une partie de son génome avec celui
d'un autre individu.
Les estimations de la fréquence des apports de sang extérieur (l'opposé de l'autofécondation) suggèrent que de nombreuses lignées sont presque exclusivement composées d'individus issus d'une autofécondation. On estime que la fécondation croisée n'intervient que pour environ une génération sur 10.000. C'est ce qui conforte l'hypothèse selon laquelle le Cliquet de Müller pourrait dégrader la valeur sélective (fitness, c'est à dire la capacité d'un individu d'un certain génotype à se reproduire) de certaines lignées et conduire à leur extinction.
Par l'utilisation de valeurs réalistes permettant de modéliser les données obtenues suite aux observations de l'évolution de ce ver, le projet evolution@home a conduit une recherche pour savoir combien de temps l'espèce C. elegans aurait pu survivre par autofécondation pure. Les résultats ont été obtenus grâce aux calculs réalisés avec l'application Simulator005. Ils indiquent que cette durée maximale de survie est plus courte de ce que laissent suggérer les estimations qui ont été réalisées sur l'éloignement temporel entre deux individus obtenus par fécondation croisée au sein d'une même lignée.
Ces résultats pourraient contribuer à fixer une limite supérieure à une succession d'autofécondation au sein d'une même lignée, à moins que d'autres facteurs interviennent pour prolonger la survie de ce petit ver.
Cette étude a été réalisée en collaboration avec Asher D. Cutter (Laboratoire d'Ecologie et de biologie de l'évolution à l'Université de Toronto) et est publiée dans la revue "BMC Evolutionary Biology". L'article est consultable en anglais (PDF).
Evolution@home envisage de poursuivre son effort de recherche relatif à C. elegans, notamment pour tester ce qu'il se produit en présence d'une proportion vraiment très faible d'individus obtenus par fécondation croisée au sein d'une même lignée. Toutefois, cette fois-ci, ces résultats ne pourront pas être obtenus avec l'application Simulator005, cette étude devrait donc prendre énormément de temps.
Les estimations de la fréquence des apports de sang extérieur (l'opposé de l'autofécondation) suggèrent que de nombreuses lignées sont presque exclusivement composées d'individus issus d'une autofécondation. On estime que la fécondation croisée n'intervient que pour environ une génération sur 10.000. C'est ce qui conforte l'hypothèse selon laquelle le Cliquet de Müller pourrait dégrader la valeur sélective (fitness, c'est à dire la capacité d'un individu d'un certain génotype à se reproduire) de certaines lignées et conduire à leur extinction.
Par l'utilisation de valeurs réalistes permettant de modéliser les données obtenues suite aux observations de l'évolution de ce ver, le projet evolution@home a conduit une recherche pour savoir combien de temps l'espèce C. elegans aurait pu survivre par autofécondation pure. Les résultats ont été obtenus grâce aux calculs réalisés avec l'application Simulator005. Ils indiquent que cette durée maximale de survie est plus courte de ce que laissent suggérer les estimations qui ont été réalisées sur l'éloignement temporel entre deux individus obtenus par fécondation croisée au sein d'une même lignée.
Ces résultats pourraient contribuer à fixer une limite supérieure à une succession d'autofécondation au sein d'une même lignée, à moins que d'autres facteurs interviennent pour prolonger la survie de ce petit ver.
Cette étude a été réalisée en collaboration avec Asher D. Cutter (Laboratoire d'Ecologie et de biologie de l'évolution à l'Université de Toronto) et est publiée dans la revue "BMC Evolutionary Biology". L'article est consultable en anglais (PDF).
Evolution@home envisage de poursuivre son effort de recherche relatif à C. elegans, notamment pour tester ce qu'il se produit en présence d'une proportion vraiment très faible d'individus obtenus par fécondation croisée au sein d'une même lignée. Toutefois, cette fois-ci, ces résultats ne pourront pas être obtenus avec l'application Simulator005, cette étude devrait donc prendre énormément de temps.
Plus d'informations
Le rapport scientifique final est librement consultable :
Loewe L & Cutter AD (2008) "On the potential for extinction by Muller's ratchet in Caenorhabditis elegans" BMC Evolutionary Biology 8:125 PDF | PubMed | DOI | Journal | ISI Web
La théorie dite du "Cliquet de Müller" ("Müller Ratchet")
Müller (1964)
souligne que le risque d'accumuler des mutations
désavantageuses sans pouvoir les éliminer est
bien supérieur dans des lignées
parthénogénétiques (reproduction
monoparentale), et qu'à
terme ce phénomène serait suffisamment
déterminant pour conduire à leur
élimination. Cette conception met en avant le fait que dans
une population finie, les individus libres de toute mutation peuvent
être éliminés par simple effet du
hasard.
Ces génotypes sauvages pourront réapparaître aisément par recombinaison et syngamie d'individus porteurs de mutations différentes tandis que chez les parthénogènes leur perte est irréversible, sauf cas improbable de mutation inverse. Müller compare ce mécanisme à un cliquet qui avance d'un cran (sans retour en arrière possible) chaque fois que la classe des individus porteurs du nombre minimal de mutations est éliminée par le simple effet du hasard, entraînant une accumulation de mutations dans la population. Ce processus est fortement dépendant de la taille de la population et du taux de mutation (par génome et par génération). Si l'effectif est réduit ou si le nombre de nouvelles mutations qui apparaissent est important, alors la classe d'individus les moins "chargés" a plus de risque d'être perdue accidentellement.
De plus, ce processus aura tendance à s'accélérer car la perte des individus porteurs des génotypes avantageux réduit d'autant la taille de la population ('mutational meltdown': Lynch et al. 1993). En revanche, un effectif important réduit considérablement le risque de perdre simultanément tous les individus les moins mutés, bloquant ainsi "la mécanique du cliquet". Il faut aussi tenir compte de la force des mutations qui n'auront d'effet sur le cliquet que si elles sont "raisonnablement" délétères. Si leur effet est trop faible, la fitness de la population ne décroîtra que très lentement. Si elles sont trop désavantageuses, elles seront éliminées par la sélection naturelle, ce qui réduira le risque de perte de la classe des génotypes avantageux et ralentira l'avancée du cliquet (Kondrashov 1993).
Ces génotypes sauvages pourront réapparaître aisément par recombinaison et syngamie d'individus porteurs de mutations différentes tandis que chez les parthénogènes leur perte est irréversible, sauf cas improbable de mutation inverse. Müller compare ce mécanisme à un cliquet qui avance d'un cran (sans retour en arrière possible) chaque fois que la classe des individus porteurs du nombre minimal de mutations est éliminée par le simple effet du hasard, entraînant une accumulation de mutations dans la population. Ce processus est fortement dépendant de la taille de la population et du taux de mutation (par génome et par génération). Si l'effectif est réduit ou si le nombre de nouvelles mutations qui apparaissent est important, alors la classe d'individus les moins "chargés" a plus de risque d'être perdue accidentellement.
De plus, ce processus aura tendance à s'accélérer car la perte des individus porteurs des génotypes avantageux réduit d'autant la taille de la population ('mutational meltdown': Lynch et al. 1993). En revanche, un effectif important réduit considérablement le risque de perdre simultanément tous les individus les moins mutés, bloquant ainsi "la mécanique du cliquet". Il faut aussi tenir compte de la force des mutations qui n'auront d'effet sur le cliquet que si elles sont "raisonnablement" délétères. Si leur effet est trop faible, la fitness de la population ne décroîtra que très lentement. Si elles sont trop désavantageuses, elles seront éliminées par la sélection naturelle, ce qui réduira le risque de perte de la classe des génotypes avantageux et ralentira l'avancée du cliquet (Kondrashov 1993).
Source de cette définition du Cliquet de Müller : Comportement et organisation sociale de la fourmi parthénogénétique Cerapachys biroi (Forel) - Fabien RAVARY (Docteur de l'Université Paris XIII)
Un déclin génétique inéluctable ?
Le cliquet de Muller
(Muller, 1964, Lynch et al. 1993), peut être représenté par
le schéma ci-dessous :
Dans une population de petite taille (effets stochastiques forts) et de reproduction asexuée (un parent ne pas produire de descendants ayant moins de mutations que luimême), la taille de la classe des individus les moins mutés dans la population (C0) est déterminé par un pseudo-équilibre mutation-sélection. De temps à temps, de façon aléatoire, et bien que ces individus aient à priori une meilleure valeur sélective que les autres, cette classe est perdue, irréversiblement : la population progresse donc inexorablement vers la droite, c’est-à-dire vers toujours plus de mutations.
Dans une population de petite taille (effets stochastiques forts) et de reproduction asexuée (un parent ne pas produire de descendants ayant moins de mutations que luimême), la taille de la classe des individus les moins mutés dans la population (C0) est déterminé par un pseudo-équilibre mutation-sélection. De temps à temps, de façon aléatoire, et bien que ces individus aient à priori une meilleure valeur sélective que les autres, cette classe est perdue, irréversiblement : la population progresse donc inexorablement vers la droite, c’est-à-dire vers toujours plus de mutations.
Source : Sexualité, clonalité et évolution du génome chez les pucerons et leurs bactéries symbiotiques (Claude RISPE, UMR Bio3P INRA-Agrocampus Rennes/Le Rheu)
- Affichages : 8038