Le mois dernier, le journal El mundo (le deuxième quotidien généraliste payant le plus diffusé en Espagne) a publié un article à l'occasion du lancement officiel de la plateforme Ibercivis. Cet article est librement consultable à cette adresse, vous trouverez ci-dessous une traduction en français.
Ibercivis : des ordinateurs au service de la science
Une plateforme fédère chercheurs et citoyens
Article écrit par Raaida Mannaa
Vendredi 20 juin 2008
Madrid. - Jusqu'à 150.000 ordinateurs pourront être connectés simultanément grâce au projet Ibercivis, la première plateforme de calcul volontaire au niveau national (ndlr espagnol), qui donnera la possibilité aux citoyens de partager la puissance de calcul inutilisée de leurs ordinateurs. En effet, cette plateforme permettra aux citoyens de prendre une part active dans divers projets de recherches.
La présentation du projet a eu lieu au siège du CSIC (Consejo Superior de Investigaciones Científicas -
Conseil Supérieur des Recherches Scientifiques), en présence du secrétaire d'Etat à la recherche, Carlos Martinez, du directeur général du CIEMAT (Centro de Investigaciones Energéticas, Medioambientales y Tecnológicas -
Centre de Recherche pour l'Energie, l'Environnement et la Technologie), Juan Antonio Rubio, du président du CSIC, Rafael Rodrigo, du directeur de projet, Alfonso Tarancon, ainsi que des responsables des mairies de Saragosse et de Madrid et d'experts scientifiques.
"La mise en réseau des systèmes informatiques fonctionne pour les travaux qui peuvent être calculés isolément puis regroupés. Ce qui distingue "Ibercivis" des projets existants, tels que "SETI@Home", est que pour la première fois une telle plate-forme est présentée comme une infrastructure indépendante, c'est-à-dire disponible pour les chercheurs et les citoyens qui en auraient besoin", explique le directeur du projet, Alfonso Tarancon. "C'est pourquoi nous croyons qu'il s'agit plutôt d'un réseau citoyen, que d'une plate-forme d'informatique volontaire"
Le projet est une initiative lancée par le Conseil Supérieur des Recherches Scientifiques (CSIC), en collaboration avec le Centre de Recherche pour l'Energie, l'Environnement et la Technologie (CIEMAT), et les municipalités de Madrid et de Saragosse.
L'idée de créer cette plateforme est née suite au succès d'une précédente expérience : le projet ‘Zivis' fruit d'une collaboration entre l'université de Saragosse et le CIEMAT avec le soutien de la mairie de Saragosse. La participation citoyenne au projet a permis de rassembler près de 800.000 heures de calcul scientifique, une puissance de calcul 20 fois supérieure à ce qui était prévu au départ pour réaliser les travaux planifiés..
Les premiers projets de la plateforme ‘Ibercivis'
Dans sa première phase, ‘Ibercivis' démarre avec trois projets de recherche. Le premier, développé pour simuler les expériences du Stellarator TJ-II du CIEMAT, permettra d'étudier la fusion par confinement magnétique. Cette hypothétique nouvelle source d'énergie, à faible empreinte écologique et inépuisable, ambitionne de réaliser sur Terre les réactions de fusion qui se produisent dans les étoiles.
Le deuxième projet, "l'amarrage (docking) de protéines", est centré sur la recherche de nouveaux médicaments pour le traitement de certaines maladies, et particulièrement contre le cancer. Le développement de ce projet est l'œuvre de l'unité bio-informatique du centre de biologie moléculaire Severo Ochoa (Centro de Biología Molecular Severo Ochoa), et consiste en l'étude de l'interaction entre composés chimiques et protéines.
La "simulation de matériaux" (simulación de materiales), le troisième projet de recherche de la plateforme Ibercivis, a été initié par l'université Complutense de Madrid, l'université d'Estrémadure, et l'Institut de bio-informatique et de Physique des Systèmes Complexes (BIFI,
Instituto de Biocomputación y Física de Sistemas Complejos) de l'université de Saragosse. Cette recherche ambitionne d'étudier les propriétés du verre, et particulièrement celles des verres de spin.
En outre "5 autres projets pourraient être lancés en fonction de la réponse des citoyens", explique Rafael Rodrigo, président du CSIC.
Localisation des ordinateurs qui participent au projet Ibercivis, les points oranges représentent les participants qui n'ont pas encore renseigné leur localisation (source) |
Pour faire avancer ces recherches, les citoyens peuvent "donner la puissance de calcul inutilisée de leurs ordinateurs", explique Tarancon. "Il suffit de se rendre sur le site de la plate-forme, de s'enregistrer puis de télécharger l'application "BOINC", un logiciel développé par l'Université de Berkeley, nécessaire pour faire fonctionner Ibercivis".
Lorsque votre ordinateur est allumé, le logiciel demande à la plate-forme des unités à calculer. L'utilisateur peut voir une représentation des calculs effectués par l'intermédiaire d'un économiseur d'écran Ibercivis en mouvement. Lorsque les calculs sont terminés, les résultats sont envoyés au serveur.
"Le citoyen détermine lorsque son ordinateur peut être utilisé en fonction de sa consommation d'énergie et du temps de calcul qu'il désire partager", poursuit Tarancon. En ce qui concerne la possibilité de recevoir des virus informatiques, il précise qu'il "n'existe aucun danger, tous les programmes utilisés sont protégés".
Ibercivis dispose de 3 centres opérationnels ; l'un à Valence c'est là que les chercheurs envoient leurs programmes pour les adaptés au format Boinc ; un autre à Saragosse où l'on envoie les unités de calcul aux citoyens, et le dernier à Madrid qui reçoit les résultats produit par les ordinateurs individuels.
« Nous espérons pouvoir publier les premiers résultats obtenus grâce aux calculs des citoyens dès les mois de septembre ou d'octobre », déclare le directeur du projet Alfonso Tarancón.
Des réseaux informatiques et des supercalculateurs
La mise en relation d'un groupe relativement important d'ordinateurs n'est pas considéré comme un « supercalculateur », comme c'est le cas pour 'Mare Nostrum' ou le nouveau 'Finis Terrae'
La notion de calcul distribué se réfère à une application installée sur les ordinateurs de milliers de bénévoles pour utiliser la puissance de calcul non utilisée de votre processeur. Cette technologie peut permettre de disposer de plus de puissance de calcul qu'avec un supercalculateur, mais la vitesse globale des processeurs travaillant ensemble est beaucoup plus petite.